öchsnerfabrik _

«Tu ne seras construit que quand tu seras en ruine»: affectionné par l’artiste, ce proverbe soufi est une jolie synthèse de la pratique artistique d’Ana Göldin et en souligne les priorités et les contradictions.
Le principe du collage, sous toutes ses formes, est au cœur de l’œuvre d’Ana. Collage de photos découpées dans des magazines puis amalgamés, remixées pour évoquer une réalité mutante et subversive. Collage de petits morceaux de films, saisis et assemblés dans l’instant par un téléphone portable, semblables à des bouts de phrases griffonnés dans un bloc-notes. Collage de mots, d’influences, de citations qui sont empruntés, détournés, voire même parfois méchamment massacrés au gré de poèmes organiques et ironiques. Collage d’inspirations aussi, les créations d’Ana s’entrelaçant dans la musique composée par mnNsk, son alter ego du collectif deadfish alter-nativ.
Du collage on verse parfois dans le décollage. A travers ses œuvres, Ana Göldin ambitionne de te faire quitter la terre ferme, de t’apprendre à voler avec tes oreilles et à écouter avec tes yeux. La demoiselle donne occasionnellement dans la «démultiplication de temporalités hétéroclites totalement désynchronisées», voire même dans les «nébulosités spatio-temporelles, agrégats de singularités foudroyantes». Non, ne cherche pas, il n’y a pas de mode d’emploi. Pas assez souples pour ce genre de voltige, certains se contenteront de bailler avec la bouche ou de hausser les épaules: pas grave, le crash fait aussi partie de la démarche de l’artiste. Et tant pis s’il y a de la casse ou si une partie du public s’égare en chemin.
La cohérence de l’œuvre naît aussi des motifs qui la rythment: lampes néons, slogans et citations en morceaux, objets technologiques, couvertures de livres en pagaille, images pop ou commerciales délicieusement désuètes qui poussent au sarcasme ou à la méditation, nappes synthétiques et percussions binaires, bricolage et répétition. Une grammaire qui te paraît immédiatement familière, puisque c’est celle de ton quotidien.
«Cohérence», cela dit, c’est un terme beaucoup trop convenable. Ana Göldin (qui ne s’appelle pas vraiment Ana Göldin), préfère l’impertinence. L’univers est son carré de sable, elle peut y construire des châteaux somptueux, mais si elle veut, elle casse tout et elle te file un coup de râteau en prime. Si tu as envie d’entrer dans sa tête, il faut accepter de jouer, et dès que tu penseras avoir compris ses règles, elle les auras peut-être réécrites. Oui, parfois, ça énerve.
Dans son travail, Ana Göldin te confronte aux fragments d’un monde mélancolique, brisé de partout, mécanique et oppressant, et te met au défi d’y mêler ta fantaisie et ton affection. Cette époque et ses aventures mercantiles et technologiques ont eu beau se solder par de cuisants échecs, l’artiste t’y fait découvrir des lieux de rêverie infime dans lesquels elle te fait circuler au gré de ses pérégrinations et de son intuition. Tu peux t’y sentir seul ou éclater de rire (mais n’est-ce pas la même chose ?)
_julien hirt

shitbox

„Du wirst erst dann fertig erstellt sein, wenn du auseinander brichst.“

Dieses von der Künstlerin geschätzte Sufi-Sprichwort ist eine hübsche Synthese von Ana Göldins künstlerischer Tätigkeit und unterstreicht deren Prioritäten und Widersprüche.

Das Prinzip der Collage, in all ihren Formen, steht im Zentrum des Schaffens von Ana. Collagen aus Fotos, aus Zeitschriften ausgeschnitten, dann vermengt und neu gemischt, lassen eine mutierte, subversiv vorhandene Realität hervortreten. Collagen aus kurzen Film-Sequenzen, in einem Augenblick eingefangen und zusammengefügt  auf einem Mobiltelefon, wie kleine, in ein Notizbuch gekritzelte Satzfragmente. Collagen aus Wörtern, Einflüssen, Zitaten, welche entliehen, entführt, manchmal sogar bösartig massakriert werden zu organischer und ironischer Poesie. Collagen der Inspirationen auch, diese Schöpfungen von Ana, die sich verflechten mit der Musik von mnNsk, ihrem Alter Ego im „collectif deadfish alter-nativ“.

Vom Anhaften gerät man manchmal ins Abheben. Mittels ihrer Werke will Ana Göldin dich vom sicheren Boden lösen, dich lehren mit deinen Ohren zu fliegen und mit deinen Augen zu hören. Die junge Dame hat gelegentlich eine Vorliebe für die „Demultiplikation von heterokliten, total desynchronisierten Zeitlichkeiten“, oder gar „raum-zeitlichen Nebulositäten, Anhäufungen verblüffender Einzigartigkeiten“. Nein, such nicht, es gibt keine Gebrauchsanweisung. Nicht wendig genug für diese Art von Akrobatik, werden sich einige damit begnügen, ihren Mund zu einem Gähnen zu öffnen oder die Schultern hochzuziehen, was weiter nicht schlimm ist: Auch der Absturz ist Teil des Unterfangens der Künstlerin. Und wenn es dabei Scherben gibt oder ein Teil des Publikums sich unterwegs verläuft – Pech gehabt, tant pis.

Die Kohärenz des Werks entsteht auch aus den Motiven, die es rhythmisieren: Neonlampen, Slogans und zerstückelte Zitate, technologische Objekte, Haufen von Buchumschlägen, köstlich überholte Bilder aus Pop und Kommerz, die so zu Sarkasmus oder Meditation anregen, synthetische  Klangteppiche und binäre Schlaginstrumente, Werkeln und Wiederholung. Eine Grammatik, die dir augenblicklich bekannt vorkommt, ist es doch die deines Alltags.

„Kohärenz“, sagt uns dies, ist ein viel zu anständiger Begriff. Ana Göldin (die nicht wirklich Ana Göldin heisst) zieht die Unverschämtheit vor. Das Universum ist ihr Sandkasten, dort kann sie prächtige Schlösser bauen, aber, wenn ihr danach ist, auch alles zerschlagen und dir als Zugabe noch einen Schlag mit dem Rechen geben. Falls du Lust hast, in ihren Kopf einzutreten, musst du bereit sein zum Spielen, und wenn du meinst, ihre Spielregeln begriffen zu haben, hat sie diese vielleicht bereits umgeschrieben. Ja, das kann manchmal nerven.

In ihrer Arbeit konfrontiert dich Ana Göldin mit den Fragmenten einer melancholischen Welt, von überall her zerbrochen, mechanisch und unterdrückend, und stellt dich vor die Herausforderung, deine Fantasie und deine Zuneigung beizugeben. Mögen diese Epoche und ihre merkantilen und technologischen Abenteuer auch schmählich gescheitert sein, die Künstlerin lässt dich darin Orte für winzige Träumereien entdecken, in welchen sie dich mit ihren Ausflügen und Eingebungen zirkulieren lässt. Du kannst dich darin allein fühlen oder dich vor Lachen schütteln (aber ist das nicht eh das Gleiche?).